Le Venezuela dit poursuivre ses opérations pétrolières malgré le blocus américain
Le Venezuela a affirmé mercredi que le blocus naval imposé par les Etats-Unis, dénoncé par le président Nicolas Maduro comme "une menace directe contre la souveraineté, le droit international et la paix", n'affectait pas ses exportations pétrolières, principale ressource du pays.
"Les opérations d'exportation de pétrole brut et de produits dérivés se déroulent normalement. Les pétroliers continuent de naviguer en toute sécurité", a assuré la compagnie pétrolière nationale PDVSA.
Destiné à frapper Caracas au portefeuille, le blocus a été annoncé par le président américain Donald Trump, qui a massé depuis l'été dernier un important dispositif militaire au large des côtes du Venezuela.
Les Nations Unies ont appelé mercredi à "éviter toute nouvelle escalade".
Au cours d'un appel téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le président Maduro "a dénoncé les récentes déclarations publiques du président des Etats-Unis (...) dans lesquelles il a affirmé de manière inacceptable que le pétrole, les richesses naturelles et le territoire vénézuéliens lui appartenaient", selon un communiqué vénézuélien.
En annonçant le blocus pétrolier, Donald Trump a affirmé que le Venezuela avait volé du pétrole et des terres appartenant aux Etats-Unis, sans étayer cette accusation qui semble liée à la nationalisation de l'industrie pétrolière vénézuélienne dans les années 1970 et à l'obligation imposée aux "majors" étrangères présentes dans le pays de travailler au sein d'entreprises mixtes contrôlées par PDVSA.
M. Maduro "a souligné que de telles déclarations doivent être rejetées catégoriquement par les Nations Unies, car elles constituent une menace directe contre la souveraineté, le droit international et la paix", ajoute le communiqué du ministère vénézuélien des Affaires étrangères, alertant sur les "graves implications pour la paix régionale".
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Pour justifier son annonce qui a fait monter les prix du pétrole sur les marchés, Donald Trump a également affirmé que le Venezuela utilise le pétrole pour financer "le narcoterrorisme, la traite d'êtres humains, les meurtres et les enlèvements".
Le déploiement des forces américaines, qui ont bombardé des embarcations dans les Caraïbes ou le Pacifique au nom de la lutte contre le narcotrafic, tuant au moins 99 personnes sans jamais fournir de preuve de leur implication dans un quelconque trafic, "ne fera que s'accroître, et le choc qu'ils subiront sera sans précédent", a encore averti M. Trump, qui maintient le flou sur une possible intervention terrestre au Venezuela.
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi avoir mené une nouvelle frappe contre un bateau selon eux lié au trafic de drogue dans l'est du Pacifique, faisant quatre morts.
Le ministre de la Défense vénézuélien Vladimir Padrino a affirmé mercredi que l'armée vénézuélienne n'est "pas intimidée" par "les menaces grossières et arrogantes" de Trump.
"S'ils agressent le Venezuela, pas une seule goutte de pétrole ne pourra sortir d'ici en direction des États-Unis, pas même une demi-goutte, sous aucun prétexte", a menacé le ministre vénézuélien de l'Intérieur, Diosdado Cabello.
Soumis à un embargo américain depuis 2019, le pétrole vénézuélien, principale ressource du pays, est écoulé sur le marché noir à des prix en dessous du marché, à destination notamment de la Chine.
Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a dit mercredi à son homologue vénézuélien Yvan Gil l'opposition de Pékin à toute tentative d'"intimidation unilatérale" et dit soutenir "chaque pays dans la défense de sa propre souveraineté et de sa dignité nationale".
Le blocus américain est "un exemple manifeste de piraterie d'Etat et de brigandage armé en mer", a estimé le gouvernement iranien dans un communiqué.
Aus Etats-Unis, Joaquin Castro, représentant démocrate du Texas, a dénoncé sur X le blocus naval, selon lui "incontestablement un acte de guerre".
La chambre des représentants, à majorité républicaine, devra se prononcer jeudi sur une résolution "enjoignant au président de mettre fin aux hostilités", a-t-il affirmé.
F.al-Ghaith--BT