

Début d'un référendum en Italie sur la naturalisation et le droit du travail
Les Italiens ont commencé à voter dimanche pour dire "oui" ou "non" à une mesure visant à faciliter l'obtention de la nationalité, ainsi qu'à l'abolition de lois libéralisant le marché du travail, auxquelles s'oppose le gouvernement qui a appelé à s'abstenir afin d'invalider le résultat du vote.
A la mi-journée, la participation s'élevait à 7,41%, selon le ministère de l'Intérieur. Or, même si le "oui" l'emporte pour les cinq propositions soumises à référendum, dimanche et lundi, la participation doit atteindre un minimum de 50%.
Actuellement, un résident non-européen sans lien de mariage ni de sang avec l'Italie doit y vivre pendant dix ans avant de pouvoir demander la naturalisation, processus qui peut ensuite prendre des années. La proposition soumise à référendum propose de réduire ce délai à cinq ans, ce qui alignerait l'Italie sur l'Allemagne et la France.
Les partisans du "oui" affirment que jusqu'à 2,5 millions de personnes pourraient bénéficier de cette réforme, soutenue par le Parti démocrate (PD, centre-gauche), principale force d'opposition.
L'initiative de ce référendum, venue de partis d'opposition et d'ONG, a recueilli plus de 500.000 signatures en septembre, comme l'exige la loi.
La Première ministre Giorgia Meloni, cheffe du parti Fratelli d'Italia (FDI, extrême droite), arrivée au pouvoir en 2022 sur un programme anti-migrants même si son gouvernement a augmenté le nombre de visas de travail, a déclaré être "absolument contre" cette mesure.
Pour Mme Meloni, la loi actuelle sur la nationalité est "excellente" et "très ouverte". "Nous sommes l'une des nations européennes avec le plus grand nombre de naturalisations", a-t-elle souligné cette semaine.
Selon Eurostat, Rome a accordé en 2023 la nationalité italienne à 213.500 personnes, soit un cinquième des naturalisations dans l'Union européenne. Plus de 90% d'entre elles étaient originaires de pays hors de l'UE, principalement d'Albanie et du Maroc, ainsi que d'Argentine et du Brésil.
En mars, le gouvernement avait limité l'accès à la naturalisation par lien de sang, ne rendant éligibles que les étrangers ayant des grands-parents ou des parents italiens, alors qu'auparavant, l'ascendance pouvait remonter jusqu'aux arrière-arrière-grands-parents.
Giovanni Puccini, 18 ans, a voté dimanche pour la première fois de sa vie, dans un bureau à Rome. Il estime que l'appel à l'abstention de Mme Meloni est "irrespectueux": "Il faut voter parce que tellement de gens se sont battus, sont même morts, pour ce droit".
Son ami, Pierre Donadio, 21 ans, est convaincu qu'il faut assouplir les lois sur la naturalisation pour "éviter que le pays ne soit trop fermé sur lui-même".
Très populaire dans le pays, le rappeur Ghali, né à Milan de parents tunisiens, a aussi exhorté ses fans à aller voter.
"Certains sont nés ici, ont vécu ici pendant des années, (...) se sentent Italiens à tous les égards, mais ne sont pas reconnus comme citoyens", a-t-il dénoncé sur Instagram.
- Protection des salariés -
Les Italiens sont également appelés à se prononcer sur une proposition d'abolition de quatre lois de libéralisation du marché du travail, une consultation voulue par le syndicat CGIL (gauche), principale confédération syndicale du pays, qui a également récolté les 500.000 signatures nécessaires pour la tenue du scrutin.
Le syndicat espère ainsi rétablir des mesures de protection contre les contrats précaires, les licenciements et les accidents du travail qui avaient été supprimées par le passé.
"Nous voulons renverser une culture qui a fait prévaloir les intérêts des entreprises sur ceux des travailleurs", a expliqué à l'AFP Maurizio Landini, secrétaire général de la CGIL.
Le Parti démocrate soutient ce changement bien qu'il ait adopté quand il était au pouvoir certaines des mesures proposées à la suppression, dont certaines mises en place par l'ancien chef du gouvernement Matteo Renzi.
Actuellement à 23% dans les sondages, loin derrière Mme Meloni qui reste stable autour des 30%, le PD tente, avec ce nouveau positionnement, de récupérer une partie du vote ouvrier.
L.al-Samahiji--BT